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Pour une Histoire avancée de l’Internet

    Il y a exactement 10 ans, nous lancions la WAF (What Alice Found), la newsletter-compilation de nos trouvailles sur le web. Il y a exactement 20 ans, je concevais des sites web pour les dotcoms de la bulle Internet. Certains existent toujours (la créa n’a même pas changé). Et il y a exactement 30 ans, Sir Tim inventait le web et lançait une révolution à la fois technologique et culturelle qui bouleverse encore nos vies. 30 ans d’histoire riche d’évènements et de culture.

    1994, Netscape Navigator. La classe (à l’époque).

    Et pourtant, quand on aborde les grandes questions liées au numérique, la dimension historique (l’étude et l’écriture des faits et des événements) est la grande oubliée.

    Ainsi la plupart des jeunes internautes n’imaginent pas qu’il y ait eu d’autres applications avant Instagram/Whatsapp (2010). Pour les politiques, Internet est né avec Facebook (2008, sic). Et que dire de la surprise de secteurs industriels entiers se plaignant de se faire « ubériser » alors que l’invention du terme date déjà de 5 ans. Une éternité sur Internet.

    A generation which ignores history has no past

    — and no future

    Robert Anson Heinlein

    C’est en cela qu’une histoire de l’Internet est indispensable. Pour apporter un éclairage bienvenue sur nos rapports à la technologie, pour comprendre les phénomènes de spéculation numérique, pour anticiper les conséquences de la révolution digitale. En opposition totale à la vague de discours à chaud, d’analyses au doigt levé de tendances numériques éphémères, et de l’accumulation de liens brûlants déjà cramés

    Chez Curiouser, nous avons décidé de partager avec vous notre façon d’utiliser Internet en relançant la WAF. Cette lettre lente sera l’occasion de prendre notre temps, de privilégier l’information vérifiée et intemporelle. De fait, vous pouvez la lire quand vous le voulez, quand vous en aurez besoin. Elle n’a pas de date de péremption.

    Car nous sommes convaincus que c’est avec cette posture réfléchie que l’on peut s’adapter et adapter son organisation aux changements du 21e siècle sans se faire déborder par ses excès.

    Bonne lecture lente,
    Cyril


    Retour en 1989…

    En 1989 au CERN, un certain Tim Berners-Lee proposa une façon originale de relier les informations entre différents ordinateurs qui prendra le nom de World Wide Web en 1991.

    Le CERN fête les 30 ans du web à sa manière avec beaucoup d’informations et des interviews de ceux qui ont fait le web. On n’y trouvera donc pas les vidéos de Zuckerberg, de Bezos, etc. A voir.

    Suppose all the information stored on computers everywhere were linked. Suppose I could program my computer to create a space in which everything could be linked to everything.

    Sir Tim Berners-Lee, inventor of the World Wide Web

    Le web, c’est 30 ans d’évolution permanente des standards technologiques. Allez vous rafraîchir la mémoire avec cette superbe frise chronologique. On y trouve également l’évolution du nombre d’internautes dans le monde, et le trafic (en pétaoctets, s’il vous plaît), de 1990 à aujourd’hui. Indispensable.

    Le web, c’est aussi une histoire socio-culturelle, avec des utopies et des imaginaires qui s’inscrivent dans l’histoire plus large des nouvelles technologies. Si vous ne les avez pas encore lus, précipitez-vous sur La Galaxie Internet de Manuel Castells, L’Imaginaire d’Internet de Patrice Flichy ou encore From Counterculture to Cyberculture: Stewart Brand, the Whole Earth Network, and the Rise of Digital Utopianism  de Fred Turner (traduit en français, cet excellent ouvrage est préfacé par Dominique Cardon).

    2019, mobilisation #ForTheWeb

    Hélas, après 30 ans, il est un constat évident : le web va mal et peut faire du mal. Certains le constatent avec amertume. Sir Tim dans sa lettre ouverte nous explique les raisons de ce mal-être. Pour lui, la responsabilité des entreprises et des gouvernements est prégnante. La question essentielle étant de savoir si l’accès au web est « reconnu comme un droit de l’homme et bâti pour le bien public« .

    The real problem with the World Wide Web is not the protocol created by Tim Berners-Lee, it is us — a species of cavemen dressed in suits and living in houses with central heating and air conditioning

    Information Age

    Aussi, loin des paillettes de la Frenchtech et des claquettes des startups éphémères, Sir Berners-Lee nous propose un contrat pour le web, des principes de gouvernance éclairés responsabilisant les gouvernements, les entreprises, et les citoyens. Utilisation démocratisée d’Internet, respect de la vie privée, contrôle de leurs données personnelles par les utilisateurs, technologies human first, etc., un humanisme numérique digne du siècle des Lumières.

    La France, via l’ex-secrétaire d’État chargé du Numérique, s’est d’ailleurs vite positionnée comme l’un des premiers pays signataires de ce pacte #ForTheWeb. Opération de communication ou réel engagement ?
    Le contrat devant se prendre corps en 2019, nous verrons si la France est véritablement engagée dans un web des Lumières, ou dans un web du Moyen-Age. Les derniers projets de loi nationaux semblent privilégier hélas, cette dernière direction.

    The web is for everyone and collectively we hold the power to change it. It won’t be easy. But if we dream a little and work a lot, we can get the web we want.

    Sir Tim Berners Lee

    Les archives de la WAF

    L’édito de la WAF de Juin 2011, Beware of the Internet, annonçait déjà le dilemme crucial entre anonymat et confiance sur le web. Un dilemme au cœur des débats de ce début de 2019 où les projets de lois interdisant l’anonymat sur le web se multiplient.

    Pauvre politique attaqué par méchants anonymes (Gravure 2019)

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