(Edito de la WAF du 24 décembre 2010)
Internet, la nouvelle frontière. Pendant que certains tentent de réduire le digital à un lieu où faire du e-shopping, un média où vendre de l’emplacement publicitaire ou simplement une façon de communiquer plus efficacement, d’autres y travaillent, y vivent la majeur partie de leur temps, y rencontrer l’être aimé, et peuvent y vivre leur croyance en un monde où la technologie les transformerait en plus qu’humains. Ces derniers s’appellent les transhumanistes.
On pourrait imaginer que ce courant culturel, presque mystique, n’est qu’une anecdote digitale de plus, et pourtant, les messages des transhumanistes se diffusent déjà en dehors du réseau.
Les plus qu’humains
Mais qui sont les transhumains (H+) ? Aux frontières de la philosophie, de la religion, de la politique et de la prospective technologique, les H+ pensent que l’avancée inéluctable de la science va transformer les humains en quelque chose de différent, quelque chose d’imprévisible, quelque chose de nouveau. On trouve chez les H+ ceux qui identifient déjà les dangers évidents d’une déshumanisation potentielle, et ceux qui, au contraire, attendent avec impatience – voire essaient de provoquer – cette transformation en un super post-humain, digitalement immortel pour certains.
Des H+ partout
Les théories des transhumanistes sont connues depuis longtemps. Popularisées et nourries par la science-fiction depuis les années 70, elles se sont propagées peu à peu dans les supports de divertissement : séries TV, films, comics, romans, jusqu’à être aujourd’hui banalisées. Au japon tout d’abord, au début des années 90 (Ghost in The Shell, Akira, etc.), mais voilà que ces idées sont en train d’envahir les médias occidentaux.
Ainsi, Caprica, préquelle de Battlestar Galactica et série télé à grand budget, nous plonge dans les fondamentaux du transhumanisme en suivant la destinée de Zoe, une adolescente génie de la programmation, downloadée sur le réseau après sa mort. Le download (la possibilité de trouver l’immortalité en transférant sa conscience dans un objet digital est l’une des branches des transhumanistes). On trouve aussi dans Caprica l’avertissement éthique sur la production d’intelligences artificielles et de robots trop performants. Des robots (les Cylons) qui vont détruire l’humanité et forcer ses survivants à s’enfuir dans de gros vaisseaux spatiaux (la base de l’histoire de Battlestar Galactica).
Tron, blockbuster en prévision, va également promouvoir les thèses des transhumanistes. Dans le premier opus, Flynn va être downloadé dans un univers virtuel où vivent les programmes, entités autonomes et plus ou moins limitées, dirigées par le MCP, une intelligence artificielle qui a mal tournée. Avatars, IA, réseau, immortalité informatique, Tron rend accessible tous ces concepts.
Il s’agit ici de films et séries occidentaux récents qui nous montrent que les idées transhumanistes rejoignent peu à peu la culture de masse. Pour l’instant, elles touchent les amateurs de SF, de séries d’action, ou de cinéma hollywoodien à effets spéciaux. Mais gageons que d’ici 10 ans, ces idées seront banales pour le grand public.
La singularité, c’est aujourd’hui
Les transhumanistes ont identifié le moment exact de la transformation en super post-humain en le nommant singularité (technological singularity).
Mais la singularité ne sera pas un bouleversement complet, du jour au lendemain, de l’humanité. L’humanité est en effet déjà en train de changer. Quand Wikipédia révolutionne et rend obsolète toutes les encyclopédies, quand des systèmes décentralisés comme WikiLeaks bouleversent l’information, quand le temps réel change les stratégies publicitaires des marques sur Internet, quand des Anonymous font frémir les banques, l’humanité change. Politique, société, éthique – les bouleversements seront globaux.
Nous sommes donc déjà rentrés dans la singularité. Même si le post-humain bourré d’implants et cyber-connecté décrit dans les livres de SF n’existera pas avant quelques années, nous sommes déjà en train de muter vers l’individu digital. Cette mutation sera pour le meilleur ou pour le pire. Mais elle a déjà commencé. A nous d’être vigilants et de savoir nous adapter.
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